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Une inflation record
Toutes les familles, et particulièrement les plus précaires, subissent un choc d’inflation inédit depuis l’an dernier, avec une hausse moyenne des produits alimentaires de 15% selon l’INSEE. Ce choc est particulièrement ressenti dans notre ville, le taux de pauvreté à Crest étant plus élevé que la moyenne nationale. Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire des Restos du coeur ou du Secours catholique a ainsi augmenté de 50% depuis 2022 à Crest, avec un nouveau public : les femmes seules avec enfants et des personnes qui travaillent, qui correspondent aux témoignages que nous avons recueillis.
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Un service dégradé
Cette inflation et la hausse des prix de l’énergie a également des répercussions sur la qualité du service offert à la cantine. Un élément du menu a ainsi été supprimé en février 2023, et l’objectif de 50% de produits bio/labellisés n’est plus atteint, malgré l’augmentation du tarif effectuée en septembre dernier de 3,60 euros à 3,80 euros.
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Des économies substantielles
L’aide du dispositif ‘Cantine à 1 euro’ est substantielle puisqu’elle permettrait aux familles modestes ayant un quotient familial inférieur ou égal à 1000 euros, soit 329 familles crestoises avec des enfants de 3 à 11 ans, 58% du total, de faire une économie de près de 400 euros pour 1 enfant pour toute l’année scolaire, 800 euros pour 2 enfants et 1200 euros pour 3 enfants, soit 40 euros par mois par enfant pendant l’année scolaire.
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Une logique déjà appliquée
L’adoption de la tarification sociale de la cantine par la ville de Crest serait similaire à celle déjà effectuée concernant les temps périscolaires, dont le tarif de 1 euro ou 1,10 euro dépend des revenus des familles. Cette tarification différenciée a été mise en place dans le seul but de percevoir les aides de la CAF. La logique est donc similaire concernant l’adoption de la tarification sociale de la cantine dans le but de bénéficier du dispositif de l’Etat ‘Cantine à 1 euro’.
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Une mesure qui bénéficie à tous
L’adoption de ce dispositif serait bénéfique pour tous puisqu’il bénéficierait aux familles modestes qui ne paieraient plus la cantine qu’1 euro au lieu de 3,80 euros. Il serait également bénéfique pour la ville de Crest qui percevrait plus de rentrées d’argent des familles et de l’Etat que sans le dispositif, lui libérant une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire de plus de 5000 euros qui pourrait être utile pour remettre un 5ème élément au menu certains jours de la semaine.
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Nos réponses aux arguments de la mairie
Voici un résumé de nos réponses aux arguments avancés par la mairie de Crest au sujet de la cantine à 1 euro.
Pas de problème massif à Crest
Hervé Mariton, maire de Crest, a affirmé sur les ondes de France Bleu Drôme Ardèche et dans les colonnes du Dauphiné Libéré qu' »il n’y a pas à Crest de difficulté majeure d’accès à la cantine » car le CCAS a aidé 7 familles en 2021 et 2 en 2022 pour payer la cantine de leurs enfants. C’est faire totalement fi de la crise d’inflation record que nous traversons depuis plus d’un an, qui impacte lourdement les familles et particulièrement à Crest où le taux de pauvreté est supérieur à la moyenne nationale. Avec ce dispositif, il ne s’agit en effet pas uniquement de permettre a des enfants qui n’ont pas accès a la cantine d’y aller. Il s’agit aussi de soulager le budget des parents à faibles revenus dans la crise actuelle et peut-être aussi d’éviter que certains enfants qui vont actuellement a la cantine ne puissent plus y aller prochainement pour raison financière.
La tarification sociale des services, une rareté
Hervé Mariton remet en question dans le même article le principe même de la tarification sociale des services. La tarification sociale des cantines est rentrée dans les mœurs en France et devenue une pratique courante quelle que soit l’orientation politique des élus. Elle existe dans d’innombrables mairies de droite, même dans des bastions historiques de droite comme à Nice ou Neuilly-sur-Seine, mais aussi dans de plus petites villes de la taille de Crest comme Provins (12 000 habitants) ou Saint-Amand-Montrond (9 500 habitants), toutes deux dirigées par des maires Les Républicains, le même parti politique qu’Hervé Mariton.
Seules les familles sans emploi sont concernées
Sur France Bleu Drôme Ardèche, Hervé Mariton oppose les familles qui travaillent de celles qui ne travaillent pas et prétend que seules les secondes seraient aidées par le dispositif. Ce n’est absolument pas le cas car de très nombreuses familles qui travaillent sont sous le seuil de 1000 euros de quotient familial et des revenus correspondants, notamment beaucoup de familles monoparentales ou à temps partiel plus présentes à Crest qu’ailleurs. Nombre de ces familles auraient bien besoin elles aussi de cette aide de 40 euros par mois par enfant (400 euros par an sur 10 mois d’école) pour boucler leurs fins de mois difficiles et faire face à l’inflation record.
Seules les familles qui travaillent paient des impôts
Hervé Mariton indique enfin que les contribuables crestois qui paient des impôts locaux financent déjà le tarif unique de la cantine par leurs impôts, que cela est suffisant et que seules les familles qui travaillent paient des impôts. Or l’aide de la cantine à 1 euro vient d’un dispositif de l’Etat et toutes les familles, même les plus défavorisées, paient des impôts, à commencer par la TVA, première source du budget de l’Etat.
Seule une minorité est concernée
Thierry Guilloud, conseiller municipal délégué à l’éducation à la mairie de Crest, affirme dans le Dauphiné Libéré du 10 mai dernier, qu' »instaurer une cantine à 1 euro ne concerne qu’une minorité ». Les dernières données de la CAF montrent à l’inverse que cette mesure concerne la majorité des familles crestoises ayant des enfants entre 3 et 11 ans, plus de 58%.
Une minorité de communes ont instauré le dispositif
Dans le même article, Thierry Guilloud affirme également qu’une minorité de communes ont instauré le dispositif. Si le nombre de communes est effectivement faible, le dispositif a été élargi l’an dernier et beaucoup plus de communes y sont désormais éligibles. Le nombre de communes concernées ayant adopté le dispositif ne cesse donc de croître comme l’illustrent les exemples récents de Taulignan, Saint-Jean-de-Galaure, ou plus proche de nous, Chabrillan ou Aouste-sur-Sye.
De plus, une des principales raisons qui rebutent les petites communes réside dans la complexité de la mise en place d’une tarification sociale des cantines, et dans la sensibilité des données nécessaires concernant les revenus des familles. Ces deux raisons ne sont pas valables à Crest puisque la tarification sociale adoptée serait très simple avec une tranche à 1 euro et deux tranches au tarif actuel de 3,80 euros et 3,81 euros, et la densité de Crest rend moins sensible la communication des données concernant les revenus des familles.